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FOUILLE 2016

"PORTE SUD"  

"PLACE CENTRALE" 

GERGOVIE

rapport 2016

Peter JUD

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Consultable ici

Cette année, les fouilles s’articulent autour de deux chantiers : la porte sud et le centre du plateau (parcelle 908 en bordure du chemin de la Croix). Il semble que toute cette parcelle soit occupée par un pavage monumental identifié comme une place publique. 

Voir le film des fouilles ici

Consulter les travaux de l'ASG :

Les fosses

La croix du chemin de la Croix

Les fouilles de 2013 à 2016 n'ont pas seulement permis la découverte de la porte sud, mais en plus de proposer une restitution du dispositif défensif complexe dans ce secteur clé de la ville gauloise (Fig 1)

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Le mur de fortification construit en pierre sèche ne présente pas du tout la physionomie normale des remparts d'oppida de Gaule tempérée. A cette particularité s'ajoute désormais la présence très surprenante de tours en pierre et en bois, et d'une voie dallée. Par contraste, l'architecture du bâtiment de la porte suit exactement le modèle standard appliqué partout dans le monde celtique.

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La construction de la fortification et de la porte, achevée certainement avant les événements de 52 av.n.è, représente sans doute une partie intégrante d'un grand projet urbanistique : la création d'une "vraie ville". La découverte de la grande place dallée confirme que ce projet de ville ne se limitait pas à la construction d'une fortification. Le dallage de cette place, d'un poids estimé de près de 3000 tonnes, témoigne d'un effort collectif extraordinaire de la communauté gergoviote. Pour le moment, cette espace public correspond à un hapax, une attestation isolée.

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Le phasage provisoire, établi sur la base de la stratigraphie, confirme que ce projet urbain appartient aux tout premiers temps de l'occupation. Le site n'était pas, comme on l'a longtemps cru, un modeste village gaulois se développant peu à peu pour devenir une ville qu'au début de l'époque gallo-romaine. L'hypothèse que Gergovie n'était, à l'époque de la guerre des Gaules qu'une fortification vide, doit également être abandonnée. (...)

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                                                                                                                                        Peter JUD (Rapport 2016, p.56)

Porte sud

Place publique (photos Denis Corgiat - VDH)

LA PORTE SUD 

PORTE PRINCIPALE DE L'OPPIDUM DE GERGOVIE

La découverte du mur de fortification MR33 (Fig 2) permet de mieux comprendre la disposition générale de l'entrée principale de la ville de Gergovie. Ce mur, partant de la porte sud vers l'ouest, se développe sur une ligne parallèle au tracé du rempart principal qui suit le rebord du plateau. Il semble donc que la porte sud se trouve dans l'angle nord-est d'une sorte d'avant-cour de plan trapézoïdal, large de 60 m environ. La position de la porte dans l'angle nord-est de l'avant-cour suggère que la voie d'accès suivait le mur côté est. Ainsi, un ennemi s'approchant de la porte serait obligé d'exposer aux défenseurs présents sur le rempart son côté droit, non protégé par son bouclier.

 

Sur son côté gauche, la porte a été protégée par une tour construite de façon massive en pierres sèches.

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Posé directement derrière le mur MR33 se trouve une petit construction sur sept poteaux (tour 38, Fig 2). L'emplacement de ce bâtiment en milieu urbain et directement derrière le mur de fortification suggère qu'il ne s'agit pas d'un grenier, mais bien d'une tour de défense. En Gaule, les tours en bois apparaissent pour la première fois vers la fin du IIIe s. av. n. è. dans la résidence aristocratique de Paule (Côtes d'Armor).

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Le bâtiment de la porte : le bâtiment occupe l'espace à l'est du mur MR 1 (Fig 2) sur toute sa longueur qui est de 12m. La largeur du bâtiment est donnée par celle de la voie qui atteint 8m de large dans le couloir de la porte. L'espace défini ainsi semble être structuré par cinq rangées de poteaux en travers, soit trois dans le sens de la circulation. Les poteaux au milieu de la voie laissent deux passages larges de 2,40m et 4,60m. Le fait que le bâtiment occupe toute la profondeur du couloir de la porte suggère la présence d'une porte double. On constate que le porche de la porte sud de Gergovie s'inscrit parfaitement dans la lignée des porches des oppida septentrionales.

Fig 1, dispositif défensif de la porte sud (DAO: P.Jud)

Fig 2, plan de la porte (DAO: P.Jud)

Photos Xavier Lauer

Pour la reconstitution de l'élévation du porche de Gergovie, les indices sont très rares. Le fait que le mur MR1 ((Fig 2) se prolonge jusqu'à l'entrée du couloir, alors que la tour en pierre ne forme pas l'angle du rempart, suppose que le premier étage du bâtiment repose sur les murs formant le couloir.

 

Au premier étage, le bâtiment aurait donc la forme d'un carré de 1m environ (en jaune sur la Fig 2). Suivant les propositions de Stéphane Fichtl pour la restitution de la porte Est de Manching, nous supposons une galerie ouverte entourant une cour découverte. Il est possible que cette galerie possédait même un deuxième étage.

 

La galerie du premier étage était très vraisemblablement accessible par le chemin de ronde sur le mur de fortification côté est. La hauteur de la courtine peut-être estimée à 3,5m environ, ce qui nous donne également la hauteur du premier étage du porche. Avec un deuxième étage de 2,5m, le bâtiment aurait atteint une hauteur de 6m environ.

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La fouille de l'espace situé directement devant la porte a livré un objet particulièrement intéressant.

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Le contexte de découverte permet d'émettre l'hypothèse qu'il s'agit d'un projectile en pierre, tiré par une machine de guerre romaine, une baliste.

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(P. JUD, rapport de fouille 2016)

Boulet de baliste découvert devant la porte (Photo E.Sadourny)

Porte sud, voir la Fig 2  (photo Denis Corgiat - VDH)

Photos X. Lauer et Denis Corgiat

LA PLACE PUBLIQUE 

CENTRE MONUMENTAL DE L'OPPIDUM DE GERGOVIE

Photos Xavier Lauer

Les fouilles dans le secteur central du plateau ont révélé la présence d'une large place dallée, longue de 120m et large de 25m environ. L'emploi de blocs massifs d'une épaisseur de 30cm pour le revêtement de la place trouve son équivalent dans le monde romain : à Pompéi, les espaces publiques étaient recouverts de dalles de pierre dure extrêmement épaisses (30 à 50 cm) (Adam 2008, 252).

 

(...) Avant même de connaître les constructions aux abords de la place, il est clair que nous sommes en présence d'un espace public tout à fait monumental. Il matérialise sans doute le coeur du centre monumental de la ville, relié avec la porte principale par la voie pavée. 

 

Afin d'identifier l'origine de cette création urbanistique nous passons en revue les places publiques identifiées dans le monde celtique. 

 

Les premières places apparaissent déjà dans le contexte des agglomérations ouvertes des IIIe et IIe s. av. n. è. :

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- Village d'Ymonville (Eure-et-Loire) (Bailleux, Josset 2010)

- Village gaulois d'Acy-Romance (Lambot, Méniel 1992). Un plan publié récemment propose d'identifier à l'intérieur du village, en plus de la "place publique", pas moins de trois places de marché (H. Bocquillon dans Metzler 2016, fig. 360)

- Oppidum du Titelberg (Metzler et al. 2016)

- A Bibracte, un enclos quadranglaire mesurant 110m sur 92m a été identifié sur le lieu-dit "La Terrasse" (Goudineau, Peyre 1993, 90)

- A Manching (Bavière), une grande place pavée de galets, de 57m de long pour environ 45m de large, a été dégagée par les fouilles anciennes (Sievers 1991, fig. 5)

- Le forum gallo-romain d'Alésia serait installé sur une place vide au centre du plateau (Bénard 1997, 135)

- L'espace vide de toute occupation située à l'est du sanctuaire de Corent est considéré également comme une place publique (Ramona 2012)

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La comparaison de la grande place de Gergovie avec les places publiques du monde celtique connues actuellement révèle l'originalité de la construction Arverne. C'est la seule munie d'un dallage, qui définit exactement son extension. (...)

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(P. JUD, rapport de fouille 2016)

Photos Xavier Lauer

Fossé de palissade et fosse au boeuf - Photos X.Lauer

- Dans la partie est de la place, une structure linéaire large de 1,20m environ traversant la place dans le sens nord-sud a été reconnue après le nettoyage du dallage.

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La coupe sud montre clairement qu'il s'agit d'un fossé de palissade, et que les matériaux extraits ont été utilisés pour reboucher le fossé après l'installation des poutres en bois.

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Dans une dernière phase d'occupation, après l'enlèvement des madriers, le fossé a été rebouché définitivement avec une couche de pierres jusqu'au niveau du dallage de la place.

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- Une fosse, située dans la partie sud de la place, se distingue des autres lacunes dans le dallage par le demi cercle régulier de blocs qui contourne l'ouverture d'un diamètre de 2,30m.

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La fouille a corroboré l'hypothèse d'une structure aménagée dans le pavage de la place par la découverte d'une fosse sous-jacente creusée dans le substrat. La fouille s'est arrêtée au niveau d'apparition d'un squelette de boeuf gisant sur son côté gauche.

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La coupe créée par la fouille montre que les dalles de la place reposent sur une couche épaisse comportant du mobilier archéologique.

             

(P. JUD, rapport de fouille 2016, p.21 et 22)

Photo Denis Corgiat - VDH

SONDAGES

Des sondages ont été réalisés à l'ouest (3) et à l'est (3) de la place. L'emplacement de ces sondages a été conditionné par l'accessibilité du terrain pour la pelle mécanique, réduite par les pierriers, les murs de parcellaire et la végétation :

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- Pour les trois sondages à l'est, les dallages découverts sont en dehors des limites de la place.

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- Pour les sondages à l'ouest, les dallages découverts sont , pour deux d'entres eux, également en dehors des limites de la place. Le dernier sondage, lui, doit correspondre à une partie de la place.

Photos Denis Corgiat (VDH)

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