top of page

FOUILLE 2017

"PORTE SUD"

"PLACE CENTRALE"

GERGOVIE

Rapport 2017

Peter JUD

​

Consultable ici

Cette année marque la fin de la fouille programmée triennale engagée dans le secteur de "la porte sud", puis, à partir de 2016, au centre du plateau. Cette campagne de trois ans est marquée par les découvertes de la porte principale de l'oppidum de Gergovie ainsi que de son centre monumental.

Modélisation du plateau de Gergovie par la société INAIRTECH à partir des données LIDAR.

                       Lancer la vidéo

​

Les objectifs formulés à l'occasion de la reprises des recherches sur le site de Gergovie en 2013 étaient doubles : les fouilles devraient constituer un apport supplémentaire dans la connaissance de l'organisation spatiale de la ville, et en même temps éclaircir d'avantage les différentes étapes de son développement au fil du temps. La recherche sur le développement chronologique de la ville devrait cibler particulièrement la première phase de son histoire, juste avant et pendant la guerre des Gaules.

​

Les campagnes de fouilles réalisées entre 2013 et 2016 ont permis la découverte de la porte principale, élément clé de la structuration des villes fortifiées. La porte, située à peu près au milieu du rebord sud du plateau, est protégée par un bâtiment de porche en bois et une tour construite de façon massive en pierres sèches. La voie passant par la porte est formée de plusieurs couches de gravier fortement damé, recouvertes par un dallage en dalles basaltiques. Cette voie pavée "à la romaine" se prolonge tout droit vers le centre du plateau, et représente sans doute l'axe de circulation principal nord-sud de la ville. 

​

En dessous du rempart et de la porte, les vestiges d'une occupation plus ancienne ont été découverts. Ils appartiennent à l'époque de la fondation de la ville gauloise, non reconnue dans le cadre des fouilles anciennes.

​

En 2015, un deuxième chantier de fouille a été entamé dans le milieu du plateau. Les recherches ont révélé la présence d'une large zone dallée, longue de 120 m et large de 25 m environ. La vaste place, reliée avec la porte par la voie pavée, matérialise sans doute le cœur du centre monumental de la ville. Il s'agit très vraisemblablement d'un ouvrage public, fonctionnant comme lieux de rassemblement social, politique et mercantile. Cette construction large de 3000 m2, unique dans le monde gaulois, nous semble faire partie d'un grand projet urbain, conçu juste avant la guerre des Gaules. Sa construction a certainement été commandée par un pouvoir politique particulièrement ambitieux et orgueilleux.

​

En 2017, compte tenu des découvertes de l'opération de 2016 la décision a été prise de continuer la fouille dans les deux secteurs, sur la porte au sud et sur la zone dallée au centre du plateau. Les décapages supplémentaires dans la zone des dallages ont visé à mieux saisir l'extension exacte de ces constructions monumentales. Un autre objectif de la campagne 2017 était d'intégrer les résultats des fouilles anciennes proche de nos fouilles dans le plan général de nos propres découvertes.

​

Peter JUD

Les résultats des campagnes 2013-2016,

les objectifs et le déroulement de la campagne 2017

(Rapport 2017, p12/13)

Gergovie, porte sud de l'oppidum
Gergovie, place centrale de l'oppidum de Gergovie

Porte sud et place centrale. Images au drone Denis Corgiat - INAIRTECH

LA PORTE SUD ET SES ENVIRONS

(Les textes et plans sont tirés du rapport de fouille 2017 de Peter JUD)

LA VOIE (VO10)

​

En 2017, trois secteurs ont été fouillés sur le tracé de la voie. Dans le secteur de la porte, la voie VO 10 a été étudiée sur une longueur de 35 m environ (fig. 6). Installé sur un terrain légèrement en pente vers l'ouest, le fossé FO 20 lui sert comme fossé bordier unique sur son côté bas. En venant du nord, la voie quitte le fossé en suivant une ligne courbe pour passer par le couloir de la porte. La surface de la voie (US 112) se présente sous la forme d'un cailloutis compacté. On remarque que cette surface, assez irrégulière à cause de la présence de blocs dont la taille dépasse les 20 cm, n'est pas marquée par des ornières, et que les fragments de céramiques gisant en surface du gravier sont relativement bien conservés (Ph. 1). Il est donc probable que la surface de l'US 112 ne représente pas un niveau de circulation. En fait, cette couche de gravier est encore recouverte à certains endroits par un dallage composé de grands blocs basaltiques à surface plate (Ph. 2). Dans le couloir de la porte, le revêtement a été enlevé aux cours des réaménagements effectués dans la dernière phase de l'occupation.

​

En 2014, nous avons conclu que la voie a été construite en deux étapes (Jud 2014, 16), et que le dallage appartient à la seconde phase. Cependant, à tous les autres endroit ou la voie a été fouillée, le gravier est apparu en une seule couche. Les donnés observées en fouille nous incite a penser que la voie a été construite dès le début avec un revêtement dallé.

Fig 6: La voie VO10 (en vert). DAO Peter Jud

Ph. 1 - Dégagement de la voie VO 10. Photo Henry Derus

Conclusion :

​

La couche de pierres et de gravier mise en évidence à l'est du fossé FO 20 représente sans doute le remblai de la voie VO 10. Elle est plus épaisse dans sa partie "basse", proche du fossé, et plus mince dans sa partie orientale. La coupe à l'est de la citerne CT 11 et le seul endroit qui permet de distinguer plusieurs couches. Les données stratigraphiques indiquent que les remblais de la voie étaient déjà en place au moment de la construction de la porte. La voie recouvre cependant une partie de la "couche grise". Nous attribuons donc la construction de la voie toujours à la seconde phase de l'occupation.

​

Il est cependant possible que la couche inférieur (US 159), rencontrée uniquement à côte de la citerne CT 11, représente les vestiges d'un premier état de la voie, construit en même temps que le fossé FO 20, ça veut dire avant la construction de la porte (phase 1).

​

La "couche grise" est présente en dessous de la voie dans le couloir de la porte et encore plus au sud. Vers l'est, son extension ne dépasse pas celle de la voie. Au nord de la porte, elle fait défaut, et les remblais reposent directement sur le terrain naturel.

​

Ph. 2 - Dallage de  la voie VO 10. Photo Henry Derus

LA PORTE (BAT25)

​

Les six trous de poteau dégagé en 2015 dans l'entrée de la porte, organisés en deux rangées de trois, suggèrent que le bâtiment de porche occupe toute la profondeur du passage (Jud, Rapport 2016, 27).

​

Lors de la fouille du secteur au nord de la tranchée de 2013, le terrain naturel n'a été atteint que sur des superficies très restreintes, le long du mur MR 1 (fig. 6). Un seul TP* (US 509) creusé dans le substrat appartient probablement au bâtiment de porche (BAT 25).

 

La fouille de ce secteur sera complétée dans les années à venir.

 

                                                                            * Trou de Poteau

Vues arrière et de dessus du bâtiment de porche (BAT25) 

3d Lucien Andrieu

LES CONSTRUCTIONS HYDRAULIQUES SUR LA VOIE (VO10)

​

La citerne CT 11 (Fig. 6), creusée dans la partie ouest de la voie VO 10, a été fouillée partiellement en 2014. Le revêtement des parois en pierre sèche entoure une ouverture rectangulaire large de 1,7 m sur 2,4 m environ. Une deuxième citerne (CT 5) construite de la même façon est située à 9 m environ plus au sud. Les deux citernes sont reliées par une rigole (CN51). 

​

L'ensemble des constructions hydrauliques installé sur la voie VO 10 peut être vu comme une sorte de contournement de la partie du fossé FO 20 bloquée par la construction de la fortification. Il est possible qu'en dehors de la porte, l'eau a finalement été reconduite dans le fossé FO 20. La stratigraphie montre clairement le caractère tardif de ces constructions. Leur installation marque l'abandon de la porte et de la voie. Ces constructions correspondent donc à la phase 4 de l'occupation.

​

La construction des citernes a certainement causé des dégâts importants sur la voie VO 10. Il est même possible que ces constructions on engendré la disparition du dallage de la voie dans le passage de la porte.

​

D'autres citernes alimentées par des caniveaux ont été découvertes par les fouilles de Michel Labrousse au centre du plateau (Labrousse 1948)

Citerne CT11. Photo Henry Derus

Citerne et rigole. Photo Denis Corgiat. DAO Peter Jud

LE PROLONGEMENT DU MUR DE FORTIFICATION (MR33)

​

La porte sud se trouve à 60 m du rebord du plateau et ainsi du rempart principal (fig. 17). Les sondages réalisés en 2017 ont eu pour but de retrouver le tracé des murs qui lient la porte au rempart installé sur la crête.

​

Le sondage 63 a été réalisé sur le tracé du mur MR 33, une douzaine de mètres à l'ouest de la fouille de 2016. Les vestiges du mur ont été dégagés à une faible profondeur, ils sont cependant assez mal conservés. Ils se présentent sous la forme d'une seule assise de blocs, d'une largeur maximale de 1,40 m (fig. 15). Le parement externe formé de blocs plus importants est légèrement décalé vers le nord, par rapport au mur plus près de la porte. Les éboulis du mur recouvrent le sol devant le front.

​

Au nord des vestiges du mur conservés sur place, le sondage a été foncé jusqu'au terrain naturel (US 452). La coupe révèle la présence d'une occupation précédant la construction du mur, représentée par trois couches différentes d'une épaisseur cumulée de 30 cm environ (fig. 16). Il est donc évident que l'occupation précédant la construction de la fortification découverte sous la porte sud s'étend jusqu'au secteur 63.

Fig 17 : Plan schématique du secteur de la porte sud, avec l'emplacement des vestiges du "quartier artisanal".

DAO P. Jud

Fig 15 : Le MR33 dans le sondage 63. Le parement externe est marqué par la ligne de grands

blocs à droite du panneau noir.

Photo P. Jud

Fig 16 : coupe établi au nord des vestiges du mur MR33 dans le sondage 63, démontrant une occupation importante avant la construction de la fortification.

DAO P. Jud

Le sondage 63, à la suite du mur de fortification MR33 (en rose sur le plan)

DAO P. Jud

LE MUR DE FORTIFICATION MR50 ET LE "QUARTIER ARTISANAL"

​

La deuxième intervention sur le tracé du mur de fortification a visé le bout du rempart ouest (MR 50), en face des vestiges du "quartier artisanal" (fig. 17, point 2). Après le débroussaillage du secteur par une équipe du CG du Puy-de-Dôme, la topographie actuelle se présente d'une façon assez surprenante. En venant de l'ouest, le bourrelet formé par les vestiges du mur MR 50 s'arrête nettement en haut d'un talus, qui surplombe de deux mètres le "quartier artisanal" (fig. 18, 19). Ce talus marque le bord d'une terrasse qui forme un angle droit avec le mur de fortification qui, quant à lui, est installé sur le rebord de la coulée de basalte. Installé sur la pente douce de la dépression dans laquelle se trouve la porte sud, cette terrasse est certainement d'origine anthropique. Les fondations des murs du "quartier artisanal" en bas du talus indiquent sans aucun doute le niveau de circulation à l'époque gauloise.

​

Il est possible que cette terrasse cache la courtine ouest du mur de fortification, qui relie le MR 33 (courtine nord) avec le rempart principal (MR 50).

Fig 18 et 19 : Le bourrelet du rempart ouest (MR50). 

Dégagement du rempart (MR50); à droite, le talus abrupt du rebord du plateau

Photos : P. Jud

STRATIGRAPHIE, PHASAGE ET CHRONOLOGIE ABSOLUE

​

Le phasage des vestiges du secteur de la porte sud

​

Les relations stratigraphiques entre les vestiges identifiés dans le secteur de la porte sud constituent la base du phasage en quatre étapes, établi dès le début de l'opération (Jud 2014, 21) :

​

Phase 1 : occupation antérieur à la construction du rempart et de la porte

 

Phase 2 : construction du rempart et de la porte

 

Phase 3 : occupation postérieur à la construction du rempart et de la porte

​

Phase 4 : remaniement complet, récupération des espaces publiques

​

La poursuite des fouilles a permis de préciser ce phasage et d'attribuer encore plus de structures à une phase spécifique (fig. 64 et 65).

​

​

Essai d'une datation absolue des phases 1 à 4

​

Le TAQ de -52 pour le mur de fortification et les études du mobilier archéologique découvert à Gergovie permettent d'établir le cadre chronologique de l'occupation, et de proposer une datation pour chacune des quatre phases (Tab. 1). Nous sommes cependant bien conscient que des études supplémentaires sont nécessaires pour confirmer ces propositions.

​

Tab. 1: Phasage du développement de la ville de Gergovie. Étapes PCR selon Mennessier-Jouannet, Deberge 2017

Fig 64 et 65 : DAO P. Jud

LA ZONE DES DALLAGES AU CENTRE DU PLATEAU

(Les textes et plans sont tirés du rapport de fouille 2017 de Peter JUD)

Le vaste décapage effectué en 2016 au centre du plateau de Gergovie a révélé la présence d'un dallage monumental sur une superficie qui dépasse les 2000 m2. D'autres zones dallées ont été mises au jour dans les sondages 36 et 37 à l'ouest du décapage principal, sous le Chemin de la Croix et dans le sondage 42 à l'est (fig. 21).

 

A ces découvertes s'ajoutent les dallages dégagés en 1945/46 par M. Labrousse au nord-est des dallages découverts en 2016.

​

En 2017, la décision a été prise de traiter chaque dallage isolé comme une entité à part, sans tenir compte de la possibilité d'une origine moderne de certaines solutions dans ces aménagements. Plusieurs décapages supplémentaires ont été réalisés afin de saisir du mieux possible les limites des dallages dans toutes les directions (fig. 21).

 

Dans la partie ouest de l'emprise, les sondages 51 et 52 montrent que le dallage du secteur 36 fait partie du grand dallage du secteur 35 (DA 41), mais que le dallage du secteur 37 représente une entité à part.

 

A l'est, une petite fouille a établi la relation entre le dallage sous le Chemin de la Croix et le grand dallage plus à l'ouest (DA 49).

Vue au drone du dallage DA41 du secteur 35 (en haut à gauche) et des sondages 50, 51 et 52.

Photo : Terres Anciennes

DAO : Peter Jud

L' EXTENSION DES DALLAGES

​

Les huit espaces dallés visibles sur le plan s'inscrivent dans un rectangle de 200 m x 150 m, ça veut dire sur une étendue de 3 ha (fig. 21).

 

La distance maximale entre les différant dallages ne dépasse jamais les 25 m. Le hasard de l'emplacement des fouilles archéologiques veut qu'ils se trouvent tous sur une bande de terrain large de 30 m et long de 250 m.

 

Les dallages reconnus à ce jour recouvrent plus de la moitié de la superficie de cette emprise (3800 sur 7500 m2). Très vraisemblablement, d'autres dallages existent dans ce secteur, en dehors des espaces fouillés à ce jour.

Le dallage DA40 et au loin le dallage DA41

 Photo : X.Lauer

LE FOSSÉ FO34

​

La limite orientale du dallage DA 40 se fait en ligne droite, à l'exception d'une lacune dans la partie sud. En face, la limite ouest du dallage DA 49 se développe en parallèle sur une longueur de 5 m, définissant ainsi une lacune linéaire large de 1,5 m entre les deux espaces pavés. Tout au nord, l'espace entre les deux dallages est occupé, sur une longueur de 2 m environ, par des dalles inclinées vers le milieu. Plus vers le sud, un pavement en galets en forme U remplace les dalles. L'inclinaison des dalles et la forme de la couche de galets sont sans doute le résultat de l'affaissement du remplissage d'une structure sous-jacente.

​

La fouille d'un secteur au sud de la couche à galets a révélé la présence d'un ancien fossé rebouché (FO 34), qui suit la limite est du dallage DA 40 (Jud rapport 2016, 21). Le fossé atteint une profondeur d'un mètre environ par rapport au niveau du dallage. Il est très étroit dans sa partie basse, avec une largeur de 30 cm seulement (fig. 30). Plus haut, il prend la forme d'un V. Le fond très étroit suggère qu'il s'agit d'une tranchée de palissade.

​

La coupe ne permet pas de se prononcer sans ambiguïté sur la chronologie relative entre le creusement du fossé et la mise en place du dallage (fig. 30). A l'ouest du fossé, les dalles du DA 40 sont alignées de façon très nette sur le bord du fossé. Ce dallage est donc très vraisemblablement contemporain ou plus récent que le fossé FO 34. Sur le bord est, le dallage DA 49 est malheureusement beaucoup plus irrégulier et ne permet pas de tirer les mêmes conclusions.

​

Deux sondages supplémentaires réalisés en 2017 plus au sud montrent que le fossé garde toujours la même direction et la même forme (plan général). Cependant, dans le sondage le plus au sud, deux trous de poteau latéraux et une extension transversal du fossé ont été dégage

Le fossé FO34 (bâché sur la photo) et les deux sondages dans son prolongement.

Drone : Terres Anciennes

DAO : Peter Jud

LE FOSSÉ FO39

 

Les trois tronçons de fossé découverts dans les secteurs 52, 61 et 64 ont la même orientation et s'organisent parfaitement sur une ligne droite.

 

Très vraisemblablement, ils font partie d'un même fossé rectiligne qui délimite le grand dallage DA 41 sur son côté nord (FO 39). Le fond du fossé atteint les profondeur suivante : 713, 98 (S 52), 713,88 (S 64), 713,84 (S 61). La pente est donc très faiblement inclinée de l'ouest vers l'est, tout comme la surface actuel du terrain.

​

Vers l'ouest, le tracé du FO 39 passe exactement par la lacune entre les dallages DA 41 et DA 42. Il est même possible que l'existence de ce fossé est à l'origine de la discontinuité entre les deux dallages. Le sondage établi à l'ouest de la lacune n'a toutefois pas encore atteint une profondeur suffisante pour confirmer la présence du FO 39 à cet endroit.

Tronçon du fossé FO39 dans le secteur 64

Photo : X. Lauer 

LA FOSSE FO37 ET LE DÉPÔT D'UN BOEUF

​

​

Le contexte urbain du dépôt n'exclue pas à priori qu'il s'agisse de l'enfouissement d'un animal mort naturellement ou abattu parce que malade, donc impropre à la consommation alimentaire, dans une fosse choisie de manière occasionnelle.

Le dépôt d'un bœuf complet pourrait également être lié à l'activité de découpe bouchère localisée dans le voisinage: l'étude des restes fauniques ramassés sur les dalles et dans le fossé FO 34 (US 303 et 308) a révélé une prépondérance très nette du bœuf dans ces ensembles (plus de 85 % des restes déterminés au lieu des 32 % dans les autres US) (Argant, dans Jud 2016, 53). On note en plus une large surreprésentation des têtes et des extrémités des pattes, indiquant un traitement des carcasses sur place, dans le cadre d'une distribution centralisée de la viande de bovidés. Des activités semblables ont été repérées sur plusieurs oppida de la région (Foucras 2011, 146), et également sur l'espace publique de l'oppidum du Titelberg (Metzler et al. 2016, 1, 116).

La fosse FO37 avec le dépôt d'un boeuf

Photo : X. Lauer 

PREMIERS ÉLÉMENTS D'UN PHASAGE DES VESTIGES DU SECTEUR CENTRALE

​

​

Pour le secteur central, les renseignements sur les données stratigraphiques sont encore rares. La première tentative d'un phasage des vestiges du centre présenté ici aidera à mieux cibler les recherches à venir.

​

1 - Le fossé FO 34 : élément d'un parcellaire précoce ?

Tous les indices plaident pour une appartenance du fossé FO 34 à la première phase définie pour le secteur de la porte sud.

​

2 - La chronologie relative des fouilles Labrousse 1945/46

Il est très intéressant que la fouille de Michel Labrousse sur la limite entre les parcelles 883 et 849, au nord-est de nos interventions, a révélé un développement très similaire à celui du secteur du FO 34 (Labrousse 1948) (plan général du secteur centre). Le dallage DA 58 recouvre le fossé FO 60, orienté nord-sur et bordé sur son côté est par un petit mur en pierre sèche (Labrousse 1948, 45). La dépression formée par l'inclinaison des dalles après l'affaissement du remblai a été égalisée à l'époque augustéenne (présence d'un morceau d'un sol en opus incertum).

Le creusement du fossé FO 60 représente la première étape de plusieurs états successifs.

Le fossé FO 59, profond de 1,30 m et encadré par deux murets en pierre sèche, se tient sur le bord est du dallage DA 55 (Labrousse 1948, 56).

​

3 - La datation du fossé FO 39 par le mobilier archéologique

Le fossé FO 39, saisi dans les secteurs 52, 61 et 64, limite la zone des grands dallages vers le nord. A l'ouest, le tracé du FO 39 passe exactement par la lacune entre les dallages DA 41 et DA 42 (plan général). A l'est du secteur 61, la "fosse 3" fouillé en 1982/1985 représente un tronçon du même fossé (voir chapitre 2.2.3). La "fosse 3" a livré un lot de mobiliers assez important, qui a été étudié et publié a plusieurs reprises.

Le comblement comportait 5 petits fragments de campanienne B, mais pas de la céramique sigillée. Les 4 monnaies collectées dans cette structure appartiennent toutes à des types qui circulaient déjà avant la guerre des Gaules (Guichard et al. 2001, 195). L'absence d'amphores autres que les Dressel 1 confirme la datation de la céramique indigène dans le milieu du Ier s. avant n. è. (Guichard et al. 2001, 198).

Dans la publication définitive des recherches du PCR en 2017, le mobilier de la fosse 3 et réuni à celui issu des fosses 1 et 5 (Mennessier-Jouannet, Deberge 2017, 521). L'ensemble constitué ainsi est attribué à l'étape 11, ça veut dire à la période LT D2b (50-30/20 av. n. è.).

​

​

4 - Phasage et datation des vestiges de la zone centrale

Les donnés stratigraphiques disponibles actuellement suggèrent qu'un système parcellaire, matérialisé par des fossés nord-sud et est-ouest, a été installé dans le secteur central du plateau dès le milieu du Ier s. avant n. è. (phase 1 ou 2). Ces fossés, rebouchés assez vite après leur creusement, ont été pris en compte au moment de la construction des grands dallages. En conséquence, il faut déduire que les dallages font également partie des constructions précoces. Les aménagements tardifs, comme le comblement final du fossé FO 34 ou les caniveaux et citernes de la fouille Labrousse, sont clairement postérieur à la mise en place des dallages, et appartiennent à la période augustéenne.

​

Les parallèles entre cette succession et le développement architectural du secteur de la porte sont évidentes.

Plan général essai de restitution

DAO : Peter JUD

bottom of page